Il est très difficile de résumer ce voyage tant il a été riche en rencontres et en découvertes.
Après une courte nuit de repos, suite à un voyage de 12h d’avion, nous sommes descendues dans le sud pour encore un long voyage de 12 heures de route.
Sur la route nous avons pu apprécier la beauté des paysages, arrivées de nuit nous avons découvert le site d’Ikamby au petit matin.Ikamby est le village natal de Cécile Moara, la présidente de l’ONG Miora à 550 km au sud de la capitale Antananarivo.
Cécile, sa fille et sa petite fille.
Depuis de longues années, Cécile Moara accueille des enfants dans sa maison dans la capitale, enfants dont elle parraine la scolarité, la plupart de ces enfants sont originaires d’Ikamby mais sont orphelins ou leurs parents sont trop pauvres pour les nourrir.A l’heure de la retraite, Cécile Moara a décidé d’aider les habitants de son village pour lesquels les conditions de vie sont très difficiles. Elle a donc commencé à développer plusieurs projets qui ont évolué au cours des trois dernières années.
Riziculture et agriculture
Défrichage de terrains pour l’agriculture, la riziculture et plantations d’arbres fruitiers L’objectif de ce projet est d’arriver à une autonomie du centre Miora pour l’alimentation des enfants.
Riziculture Le travail déjà effectué est considérable.Le climat étant clément, tout pousse et on peut récolter toute l’année des légumes différents en fonction de la saison. En avril, il y avait par exemple des tomates et des courgettes.
Cécile n’a pas les capacités de cultiver tous les terrains de sa famille donc elle en prête une partie aux habitants du village pour qu’ils puissent faire leur propre récolte.
Actuellement 8 terrasses sont consacrées à la culture du riz, le problème est l’irrigation. Une étude a été réalisée par un cabinet sérieux, la réalisation d’un réseau d’eau complet et performant est chiffré à 8 000 euros.
Cécile a créé une association pour les femmes du village,chaque mois elles mettent un peu d’argent de côté grâce à la vente du riz .Cet argent est investi dans l’achat de semences autres que le riz et qui sont récoltées pendant que le riz pousse, ce qui permet aux familles de se nourrir pendant la période où il n’y a pas de riz à récolter.
En raison d’un manque d’éducation les villageois n’avaient pas l’idée de diversifier leurs cultures afin de pouvoir se nourrir toute l’année. Sur 70 femmes, seules 2 savent lire ! Les mentalités évoluent tout doucement . Cécile poursuit son travail d’infirmière et soigne les habitants des environs, elle souhaite développer l’information sur la santé, l’hygiène et la contraception.
Cécile envisage de construire un poulailler afin que les volailles ne dévastent pas les cultures. Elle projette également du fait de la proximité de la rivière de faire un bassin pour élever des poissons. Ces projets ne demandent pas d’investissements considérables et pourraient être rapidement mis en œuvre si nous trouvons les fonds.
Tourisme
Cécile souhaiterait être indépendante financièrement pour tous ses projets. Le tourisme se développant à Madagascar, et la région s’y prêtant, elle a décidé d’accueillir des touristes, l’argent ainsi gagné sera réinvesti dans les futurs projets. A cet effet elle a construit une maison en bois joliment décorée dans laquelle nous avons logé.
Une deuxième maison en dur comprend la cuisine, une salle à manger, deux salles de bain et deux WC.
Le site est très agréable, nous avons repéré un sentier de randonnée, à partir de cet été, il sera possible de faire des ballades en pirogue. A 15 kms, il y a la possibilité de randonner dans une réserve naturelle où l’on peut observer des lémuriens et des orchidées.
Le seul bémol est l’absence d’eau chaude et d’électricité. Nous avons réfléchi ensemble à l’installation de panneaux solaires et nous allons essayer de trouver des subventions dés que nous aurons chiffré précisément le coût de l’installation.
Construction de l’école
Cécile envisage de déménager définitivement à Ikamby. Les enfants seraient plus heureux à la campagne et le coût de la vie y est moins élevé que dans la capitale.
Ceci passe par la construction d’un nouveau centre qui comporterait deux niveaux :
Un étage réservé à l’école d’artisanat et d’agriculture.
Un étage réservé à l’accueil des enfants.
Les fondations du bâtiment sont faites depuis un an mais la construction est au point mort faute de moyens. L’investissement est important et difficilement réalisable par notre modeste association.
Il est essentiel pour lutter contre la pauvreté de créer cette école et nous sommes à la recherche d’idées pour trouver des subventions.
Elevage du vers à soie.
La mère de Cécile a pu payer les études de ses enfants grâce à l’élevage du vers à soie naturelle. Le tissage de la soie et du coton est un savoir faire que possède toujours les femmes du village.
Lorsque Cécile a fait défricher ses terrains elle a retrouvé les arbustes qui servent à l’élevage du vers à soie.Elle projette de repiquer une pépinière d’arbustes. Elle achétera les vers, les élevera et vendra la soie à tisser aux villageoises.
Pour que les femmes puissent acheter les cocons, l’idée est de créer un groupement et d’avoir recours à un micro-crédit.
La filière de la soie naturelle est porteuse, cela permettra aux femmes d’avoir des revenus et d’aider progressivement au développement du village.
Je ne peux parler de ce voyage sans évoquer l’extrême richesse des rencontres avec la population malgache, partout où nous sommes passées, nous avons été accueillies avec une grande gentillesse.
C’était aussi un grand bonheur de retrouver Cécile pour qui j’ai encore plus d’admiration depuis que j’ai vu l’ampleur de la tache qu’elle s’est fixée dans le souci d’aider les plus pauvres, c’est une belle leçon d’humilité et d’humanité.
Les projets ne manquent pas, il reste beaucoup à entreprendre mais on peut se réjouir déjà du grand pas en avant qui a été fait.
C’est avec le cœur gros que j’ai pris l’avion du retour mais renforcée dans la conviction qu’il faut aider à la réalisation de ces projets qui visent tous à l’autonomie et au développement du village d’Ikamby.
Nous sommes à la recherche d’idées pour trouver des subventions pour financer tous ces projets, n’hésitez pas à nous faire part de vos suggestions.